Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Milaad au pays des caribous

23 juin 2012

Expression québécoise n°5 : "La loi spéciale (clapclap, clapclapclap) on s'en câlisse !"

"La loi matraque (clapclap, clapclapclap) on s'en tabarnak !"

Vous l'aurez compris, ce slogan résonne dans toutes les manifestations qui continuent de se tenir chaque jour à Montréal, contre la loi 78, et contre la hausse des frais étudiants :) Les gens commencent à s'essouffler, il faut l'avouer, mais depuis février-mars, qui ne le serait pas ! En réalité, les choses sont en stand-by : les cours sont soit terminés, soit reportés à la fin du mois d'août. Certains prédisent une rentrée "rrrrouuuuge", tandis que d'autres espèrent surtout la tenue d'élections qui pourraient affaiblir le pouvoir du parti majoritaire. Mais comme les élections législatives de mai 68 en France, il est probable qu'au contraire, les libéraux soient réélus... Les autres se contentent d'accepter l'inacceptable ("l'inévitable", comme y disent) et de s'asseoir sur l'avenir des enfants d'aujourd'hui, futurs étudiants qui s'endettteront jusqu'au coup avant même de commencer à vivre, au profit des plus nantis qui pourront conitnuer à profiter d'un système largement en leur faveur.

Dans tous les cas, ce mouvement aura mobilisé les consciences politiques comme jamais au Québec. Il y a très longtemps qu'un réveil ne s'était pas fait sentir (si on peut qualifier ainsi la "révolution tranquille" des années 60, qui a quand même réussi à instaurer un semblant d'Etat-providence au Québec, et notamment un système universitaire plus équitable que n'importe où en Amérique du nord), alors que couvait depuis des années un ras-le-bol généralisé vis-à-vis du parti libéral, comme le montre la mobilisation grandissante, qui dépasse amplement le monde étudiant. Il faut dire que les scandales de corruption se succèdent depuis que le PLQ gouverne depuis bientôt 10 ans (le parti aurait été financée par la mafia québécoise, en échange de magouilles dans le secteur de... devinez quoi? La construction bien sûr ! Une constante dans le monde quand on s'intéresse à la corruption >.< pardon papa ^^). Seulement, comme souvent, il n'y a pas d'opposition véritable. Le Parti Québécois, qui lutte pour qu'existe la nation Québec, ne parvient pas à retrouver l'élan indépendantiste des années 90, et pourtant je n'ai pas rencontré un québécois qui ne supporte ce projet. Il semblerait que ce soit plutôt un problème de leadership politique, et de déception vis-à-vis de ce parti finalement assez opportuniste. En outre, en marge des partis dominants, les idées altermondialistes, progressistes, écologiques (bref : de gauche ^^) de Québec Solidaire, fondé en 2006 et représenté en partie par Amir Khadir, l'un de ses porte-paroles les plus médiatisés, se retrouvent mises en lumière par les évènements. Il faut finalement espérer que le paysage politique québécois ne se retrouve transformé par la suite... Un peu comme en France, même si il ne vaut mieux pas s'attendre à des miracles de la part de la gauche majoritaire ! Mais comme disait l'autre : "Soyez réaliste, demandez l'impossible."

DSC_0306 Amir Khadir

Un petit clin d'oeil au journal de 20h de france 2 quand même, c'est tout de même un peu réconfortant de savoir que ces violences inacceptables sont  dénoncées ailleurs... Je me dois d'ajouter une anecdote vécue par un ami : il portait le carré rouge et voulait aller pêcher au parc où se déroulait également le grand prix de F1 (c'est un très grand parc), on l'a interdit de rentrer dans le métro et on l'a menotté sans explication. Au moment où ils lui demandaient son identité (ce qu'il s'est bien gardé de faire, étant français et ne voulant pas avoir de problème avec l'immigration), de nombreux autres passagers sont arrivés, ils l'ont donc relâché et lui ont dit de dégager. A noter : une bonne centaine de policiers étaient déployés dans le métro le week-end de l'évènement. Bienvenue à Montréal !!

Et à part ça me direz-vous ?? =D Ok, on va parler un peu d'autres choses. Par exemple, le Tour de l'île de Montréal. Pour faire court, il s'agit d'une promenade cycliste spécialement aménagée pour permettre à 25 000 vélos de suivre un parcours défini de 50 kms en ville sans aucune voiture pour gêner. Juste fantastique ! Le meilleur était le Tour de nuit, car c'était... ben de nuit ^^ et donc plus festif. Il y avait même des vélos qui transportaient une sono et des lumières, comme en discothèque ! Pour ma part, j'étais bénévélo, je me suis donc chargé de fermer deux rues aux voitures comme des milliers d'autres bénévoles jusqu'à la fin du train cycliste, puis de rejoindre le peloton pour profiter des rues rien que pour nous. Vive les deux roues !

tour de l'île 1er juin (2) Et on avait des supporters !! Merci encore Claudette et José, c'était le fun d'attendre des heures avec vous :-P

Et bien sûr, il y a eu le festival des Francofolies de Montréal ! Vraiment génial, plein de concerts gratuits sur deux semaines, sur la Place des Arts, en plein coeur de la ville. Quelques photos et vidéos valent mieux que des mots, mais je dois vous dire qu'il est juste incroyable de pouvoir être en premières lignes d'un concert gratuit de Dionysos, Eiffel ou Brigittre, quand on connait leur succès par chez nous X) allez, ne soyez pas trop jaloux... ;)

Printemps érable 042 Ils ont mis le feu !! En fin d'après-midi, c'était pas gagné. Mémorable : "Tayeule le chat" en version québécoise :-P

Printemps érable 046 Rah il peut pas s'en empêcher, il lui faut son bain de foule à chaque fois !!

Printemps érable 068 Les Brigitte, toujours hautement suggestives...

Printemps érable 080 Une première au Québec pour Eiffel. Les quelques français rockeurs que nous étions, accrochés au devant de la scène les yeux et les oreilles grands ouverts, avons eu le privilège de découvrir leur prochain album !

Printemps érable 090 Quelques tounes connues quand même : "Sous ton aile" et "A tout moment la rue" (ils DEVAIENT la chanter ! Epique :) )

Et découverte de groupes québécois quand même ! Notamment le Vent du Nord, et Bodh'aktan, à mettre dans le registre celtique tradfolkrockpunk (ça rappelle un certain groupe midi-pyrénéen...), pareillement, les mots sont superflus, voyez plutôt :

Et pour finir, Loco Locass, porteur d'un rap québécois très très engagé et idéal pour mettre le feu ! Le final était énorme, et assez intéressant puisque les "leaders" des syndicats étudiants sont montés sur scène. J'ai été suprise et même choquée par la starisation dont ces "leaders" font l'objet, au point où ils se retrouvent sur scène, acclamés par des groupies au bord de l'extinction de voix... mais comme m'a fait remarquer très sagement un ami : "il est difficile de faire monter une idée sur scène." Et oui, mais alors pourquoi les qualifier de "leaders", et non pas de "porte-paroles", puisque c'est ce qu'ils sont en réalité ... ?
Trêve de bavardage, si vous voulez savoir quelle était l'ambiance, regardez ça jusqu'au bout ;) les leaders/porte-paroles viennent un peu après le début.
Vu qu'on ne comprend rien aux paroles, je vous mets celles de leur chanson-phare, qui a le mérite de nous faire découvrir tout ce que le militantisme de nos cousins est capable. "Qui sème la misère récolte la colère !!"

Libérez-nous des libéraux (texte de Batlam et Biz / musique de Chafiik)

- Prêt pas prêt la charrue Charest, acharnée, charcute en charpie la charpente
De la maison qu’on a mis 40 ans à bâtir
- C’pas toi qui a milité pour Amir Khadir ? -( … )
-Maintenant la table est mise pour 4 ans à pâtir, à pâlir à vue d’œil
Ahuris à la vue d’la bande d’abrutis qui bradent à bride abattue
Qui vendent à rabais, par la bande c’qu’y a pas de prix
Une fois l’mandat fini, le pays ressemble d'un abatis
Coupe sombre, coupe à blanc, Coupe Grey
« Alouette, je te plumerai »
Pis pour couper court au courroux populaire
Patapouf étouffe la foule et légifère à tombeau ouvert
Pis tout sourire il sert la soupe populaire
( C’est ça être solidaire quand on a sacré tout à terre )
Afin de faire taire un argumentaire unique en terre d’Amérique
Mais son affaire, ça fait ben trop l’affaire des régents d’affaires
Du Canada pis du Conseil du Patronat
Bâillon pas bâillon, je raille pareil, le patron des patrons
« Ta yeule Taillon ! »
Heille si le dément démantèlement t’excite tellement
Que c’est comme de la musique à tes oreilles
Comment t’aimes le tintamarre des barbares, dans tes tympans d’avare hagard ?

Face à la menace de la braderie on brandit
Le poing de la Patrie à la face des bandits
Face à la menace de la braderie on brandit le poing ...


Libérez-nous des Libéraux !

J’te l’dis carré, catégorique
Jean Charest, Mike Harris : même combat, même charisme
Même kermesse des biens et services publics
Câlisse faut que ça finisse
La chasse aux bs pour eux c’t’une business inespérée
Pis ceux qui dépérissent
Y reste plus qu’à prier Saint Jean-Baptiste
Ça vous apprendra, ma race de séparatistes
Y’a pas de place, où on peut pas faire la piasse
Contrats de performance pour la SGF, pour les CPE, ou les SDF
Un impôt sur la quête? Tiens, ça serait pas bête !
Ça dirige le Québec comme une PME
Comme un pimp ses putes, pour qu’elles alignent les P-I-P-E-S’ti !
Ça se sait ça s’connaît, la clef du succès pour le 24 Sussex
C’est d’assexuer le Québec
Quel beau sujet pour Jean-Claude Labrecque
« À Hauteur de Gnome » ( hauteur de braguette )
Sucer debout, c’est ça se tenir drette...

zzzzzzzzzzzzip : «Je suis prêt »

On est loin de « Maître chez Nous »
Maintenant comme jamais, il y a un traître chez nous
Ça s’entend quand il parle comme un derrière de boîte de céréales
Si tu penses me faire taire, tu perds ton temps j’suis intarissable
 « Je vais sous ton ciel, Muse! et je suis ton féal »

Face à la menace…
Libérez-nous des Libéraux !


Pendant que le kid de Sherbrooke
Liquide au souk ce qui nous distingue
Au carnaval libéral fédéral, ça bringue dingue
« Viva Canada ! Banana republica ! »
« Mandat sur mandat, on est encore là ! »
Un parti unique, c’est un parti inique, cynique, qui nique
Tout débat démocratique
La confiance de la rue est rompue
Car la cour de l’empereur corrompu accumule les écus

Et enfin, quand il sent la fin, le monarque débarque
Mais passe le pouvoir à son homme de main
Comme un bon roi Chrétien
Mais selon moi, Martin
Tient du requin ben plus que du dauphin

L’armateur, arnaqueur, anglo, franco –on sait pus trop-
Joue sur tous les tableaux
C’est l’homme des shaloms et des salamalecs
Mais comment croyez-vous qu’il conçoive le Québec ?
Depuis 10 ans, véritable sous-marin
Soi-disant nous tend la main
Mais mate-le nous démâter
En parquant l’gros paquebot des fédéraux dans nos eaux
C’est sûr il s’insinue comme la moelle dans nos os
En somme ça me semble simple : sous les libéraux
Québec et Ottawa sont les lames d’un ciseau
L’une décrisse les racines du lys
Et l’autre s’immisce au sein de nos services
Ça fait qu’émasculé, pis enculé, le calcul est pas compliqué : on va r’culer
Devant tant d’unifoliés déployés à tous les paliers
Croyez qu’on va tous se noyer, broyés, dans la marée rouge
À moins qu’on ne bouge …
Enweille bouge!

Libérez-nous des libéraux !

Les cols bleus, les cols blancs, toutes les écoles confondues
Faut se ruer dans la rue, au printemps comme une crue
Faire éclater notre ras-le-bol, une débâcle de casseroles Trêve de paroles, faites du bruit!
Un charivari pour chavirer ce parti, comme en Argentine, en Bolivie
D’un pôle à l’autre, c'est un constat continental :
À bas le bulldozer libéral !

Libérez-nous des Libéraux !
Tamtid’lidé délibérez du libellé
Tamtid'lido libérez-nous des libéraux
 
   
Publicité
Publicité
1 juin 2012

Expression québécoise n°4 : "Charest, décôlisse !"

Ouf, enfin je prends le temps de vous donner des nouvelles !

D'une part, j'attendais de pouvoir vous montrer les photos de la manif du 22 mai (merci à Alex de m'avoir laissé m'amuser avec son appareil !), d'autre part, depuis plus d'une semaine, je participe certains soirs aux manifestations nocturnes, qui depuis la loi 78 du 18 mai ont pris une tournure très festive...

Mais reprenons là où nous nous étions séparés ;-)

Je vous parlais dans le dernier post d'une manifestation "nationale", j'aurais du dire "provinciale", puisqu'elle concerne le Québec. Malgré le jour choisi (un mardi) l'évènement a rassemblé bien plus que les étudiants, comme vous pourrez le voir dans l'album ci-contre. Les slogans n'ont pas cessé de me faire sourire, il y en certainement qui vous échapperont, n'hésitez pas à me demander des éclarcissements !

Je pense par exemple au "carré rouge, carré verts, unis contre la loi 78" : le carré vert est le symbole des étudiants en faveur de la hausse... Ou encore : "le poivre, c'est pour le steak !" En référence au poivre de cayenne utilisé par la police pour forcer la dispersion d'une manifestation. Quant au "décôlisse" qui titre cet article, vous devinez que cela signifie "dégage !" ^^

Si vous vous demandez également pourquoi des peluches de panda sont remarquables un peu partout, et si vous vous voulez en apprendre plus sur notre cher anarchopanda, je vous invite à lire cet article !

Cette manif' a rassemblé davantage de monde que toutes les précédentes, 250 000 personnes d'après les syndicats, dépassant le record de 200 000. C'est pas mal pour une province de 8 millions d'habitants... surtout compte tenu des distances ! La loi 78 impose aux manifestants de plus de 49 personnes d'avertir les autorités du parcours 8h à l'avance, comme je vous l'ai expliqué. Cela ne fut pas respecté par l'immense majorité du cortège, qui défila tout à fait tranquillement malgré tout. Par la suite, les manif' de nuit ont continué, plus populaires que jamais. Désormais, ce sont les citoyens ordinaires qui descendent dans la rue chaque soir, accompagnant les étudiants pour protester contre "la loi matraque". On ne sait plus trop qui dans la foule est contre la loi 78, contre la hausse des frais, ou les deux... Pour s'y retrouver, quelques codes : le carré rouge est toujours le symbole de la lutte étudiante, rejoint par le carré noir, contre la loi 78, en signe de deuil de la démocratie québécoise.

Ce qui est sûr, c'est que le gouvernement s'est tiré une balle dans le pied avec cette loi, puisque désormais des gens de tout âge se joignent à la protestation (quand je dis de tout âge, c'est de 6 mois à 90 ans, et je suis sérieuse !) c'en est devenu des sorties familiales ! Et ce qui a rendu le mouvement davantage festif et pacifique fut la bonne idée des casseroles. Vous en avez surement entendu parler : les gens sortent dans la rue ou sur leurs balcons, tous les soirs à 20h, et tambourinent sur leurs ustensiles de cuisine à l'unisson. En plus, une belle manière de faire la connaissance de ses voisins ! Apparemment, cette idée vient du Chili, quand sous la dictature la population n'avait plus que ce moyen de protestation quand les réunions de plus de trois personnes furent interdites... en tout cas, ça pogne du tonnerre à Montréal ! Et même sous la pluie :-D

J'ai perdu le calcul, mais voilà maintenant une quarantaine de jours qu'il y a des rassemblements chaque soir. Quant à la grève étudiante, puisqu'elle est interdite elle est officiellement terminée... sauf que les cours ont été reporté à la mi-août, et la rentrée de septembre décalée en octobre. Et il est certain que les étudiants n'en resteront pas là. Surtout qu'hier, les négociations avec les syndicats, qui avaient repris depuis deux jours, ont été rompues, le gouvernement Charest prétextant "une impasse". La blague. Ils ont carrément osé proposer une hausse de 1624$ (au lieu de 1625$...) mais de qui se moque t-on ?? Il est clair que le premier ministre ne veut pas revenir sur le principe de la hausse, car cela serait dommageable pour sa carrière politique (il brigue le poste de premier ministre canadien, au niveau fédéral donc, depuis des années, et est en réalité affilié au parti conservateur). En outre, il refuse la médiation d'une tierce partie, déclarant que "ce n'est pas une tierce personne qui va dire à un gouvernement élu ce qu'il doit faire." En tenant des propos pareil, j'imagine mal comment on peut faire croire qu'on accepte l'idée même de négociations... Une parenthèse : les élections sont à un tour au Québec. Ce qui signifie que le PLQ (parti libéral) s'appuie actuellement sur 30% des voix pour imposer ses mesures très controversées.

Mais revenons un peu au noeud du problème : la hausse des frais d'inscription à l'université. Je ne vais pas écrire un article laborieux sur le sujet, alors que des documents disponibles en ligne le font très bien à ma place (quoi, moi fainéante ?? Juste modeste ^^). Laissez-moi vous guider vers quelques articles parmi les milliers écrits depuis le début du conflit, et notamment vers cette vidéo d'une quinzaine de minutes, qui décode le pourquoi du comment de la stratégie de privatisation mondiale de l'université. Une point de vue international qui me plait bien, évidemment (je rappelle au passage que je suis étudiante en études internationales en ce moment), tout comme cet article.

Si vous voulez appronfondir davantage, un article plus scientifique sur l'économie du savoir, et la notion d'égalité des chances de Rawls (je suis pas fan du concept, mais il offre une base de rélfexion).

A noter, quand même, que l'ONU s'inquiète de la rigueur de la loi 78, ce à quoi a répondu le gouvernement qu'elle ferait bien de se mêler "des vraies crises humanitaires"... câlisse !

Si vous arrivez à la fin de ce post sans avoir cliqué sur un seul lien, et que vous vous dîtes "elle est mignonne Juliette de vouloir nous informer, mais là y a trop de trucs à lire, pas le temps...", je compatis ! Alors si vous ne devez lire qu'un article, lisez au moins celui-là : le Monde, un résumé et une explication sobre et clair du conflit depuis le début ! Merciiiii :-)

Et si il vous reste 57 secondes, ne manquez pas la dernière vidéo de l'office du tourisme montréalais !!

22 mai 2012

De retour... en pleine tempête !

Expression québécoise n°3 : « Tin ! Dans les fesses mon câlisse !! »

De retour au pays de l'érable, des caribous, de l'indépendantisme et de l'accent « rigolo ». De retour dans la ville des parcs, des pistes cyclables, des rues perpendiculaires et de la tolérance.

Tolérance est le mot qui me vient à l'esprit quand je pense à Montréal. Même si en ce moment, le gouvernement du Québec trahit cet idéal. Mais j'aurai l'occasion d'y revenir.

Plus de deux semaines après mon atterrissage, la nature est encore en plein travail. Le soleil caresse doucement les arbres innombrables qui bordent les rues, et tandis que la chaleur se fait encore timide, en une semaine, les bourgeons sont apparus et le gris a laissé place au vert. La semaine suivante, les fleurs explosaient. Ce week-end (pardon, cette fin de semaine) il a fait 30°.

J'ai donc la chance de vivre deux printemps cette année. Magie du décalage horaire et du gulf stream réchauffant notre chère vieille Europe. Et peut-être magie aussi de ce "printemps érable" qui embrase la Belle Province depuis plus de trois mois. Un conflit étudiant qui n'a jamais duré aussi longtemps dans toute l'histoire du Québec.

Un petit point sur la situation. Elle mérite d'être connue.

D'abord, précisons, cher-e-s ami-e-s français-e-s, qu'une grève étudiante au Québec n'a rien à voir avec les nôtres. Elles sont moins fréquentes, pour plusieurs raisons.

D'abord, le système syndicaliste étudiant est très hiérarchisé, chaque étudiant fait partie de l'association de son programme d'étude (par exemple, moi je fais d'office partie de l'AECSEI = asso des étudiants aux cycles supérieurs en études internationales), qui est elle-même affiliée à un syndicat national étudiant (il y en a trois il me semble). Je vous passe les détails, c'est suffisamment compliqué comme ça ^^ Ainsi, de par ce système, les AG décidant d'une possible grève se font au sein de chaque asso. En fonction du nombre d'étudiants dans chaque programme, on peut assister à des AG de 30, 50 ou 300 personnes. Ce qui a l'avantage d'éviter les AG massives et difficilement gérables de chez nous, et surtout oblige les universités à reconnaître les résultats des votes puisque l'invitation aux AG se fait par courriel, de manière très officielle, de la même façon que sont reconnus les associations et les droits des étudiants. Enfin, je devrais dire "étaient".

Ensuite, il faut savoir qu'une session de cours (soit 4 mois dans l'année) coûte 1500$. A ce prix, on y réfléchit à deux fois avant de risquer de perdre sa session.

Et c'est justement à ce sujet que le conflit éclata : la hausse des droits de scolarité.

Plus de trois mois qu'un grand nombre d'universités sont en grève, suivis de près par les collèges et les Cégeps (qui font la transition, en un an, entre le collège et l'université), pour empêcher une augmentation des frais de scolarité de 1625$, sur trois ans. Et cela fait presque un mois que des manifestations ont lieu, TOUS les soirs, dans les rues de Montréal, parfois aussi dans la journée. Elles sont majoritairement pacifiques, mais étant donné que le gouvernement (libéral, centre-droit) a refusé toute négociation avec les syndicats étudiants pendant 10 semaines, pour ensuite proposer un plan de sortie de crise totalement décalé et en tout cas rejeté par la grande majorité des AG étudiantes, il n'est pas étonnant que des dérapages aient eu lieu. Mais, dans la très grande majorité des évènements, les étudiants ont fait preuve d'un pacifisme et d'une intelligence formidable. En témoigne, par exemple, ce lipdub réalisé par deux étudiants de l'UQAM, qui rend hommage aux idées et créations qui ont jalonné les manifestations en les regroupant dans un seul clip : http://www.youtube.com/watch?v=9YVprVrnfZ0&feature=share

Dans ce contexte d'injustice et de pacifisme, on déplore surtout les brutalités policières. Il est d'ailleurs temps de vous expliquer la raison de l'expression québécoise n°3 !

http://www.youtube.com/watch?v=rKWJ1la45P4

C'est presque drôle, faut le dire ! Mais honnêtement y a pas de quoi rire. La situation ne risque pas de s'améliorer de sitôt : une « loi spéciale » ou loi 78 a été adoptée par le parlement vendredi dernier. Elle interdit carrément aux étudiants de faire grève, sous peine d'amende très élevées. Mais ce n'est pas tout, la loi stipule que « Quiconque, par un acte ou une omission, aide ou, par un encouragement, un conseil, un consentement, une autorisation ou un ordre, amène une autre personne à commettre une infraction visée par la présente loi commet lui-même cette infraction et est passible de l’amende prévue au premier alinéa de l’article 25 ou de celle prévue au paragraphe 1 ou au paragraphe 2 du deuxième alinéa de cet article s’il est visé par un tel paragraphe ». (Article 29 de la loi spéciale).

Par « omission » ? « Encouragement, conseil, consentement » ?? Ce vocabulaire, cette imposition par la peur, cet appel à la délation est une porte ouverte aux abus de pouvoir et une atteinte à la démocratie, comme l'explique très bien cet article du Devoir. Désormais, quiconque porte le symbole de la lutte contre la hausse des frais, un carré rouge, est passible d'une amende. Rien que cet acte est considéré comme un délit. La liberté d'expression est donc bafouée, et en tant que française on ne peut que s'étonner que le Québec ait pu en arriver là... tous comme les québécois d'ailleurs, qui ne sont pas en reste pour imaginer des moyens de résistance qui, je l'espère, permettra de faire retirer cette loi ignoble.

Entre parenthèse, une des dispositions de la loi choque particulièrement les québécois, alors que ces prérogatives sont appliquées en France depuis... X années (si quelqu'un le sait, qu'il nous en informe ! Ah... on me souffle dans l'oreillette qu'il s'agit d'une loi de 1935, renforcée par une autre de 1995, merci Alex !) : les manifestants dépassant les 49 personnes sont désormais tenus d'aviser à l'avance du tracé du cortège aux autorités. Je ne sais pourquoi la France est précoce en matière de "maintien de l'ordre public" sécuritaire, et le Québec aussi peu enclin a accepter cela, je ne suis malheureusement pas assez calée sur l'histoire des mouvements sociaux... mais je me laisse aller à imaginer que la France est un pays répressif... non ? ^^

Je m'arrête là et vous laisse vous informer plus avant si cela vous intéresse. Le feuilleton continue chaque jour, à chaque manif', et demain c'est une manifestation nationale qui aura lieu, on l'espère, sans heurt.

Ou alors avec juste un beau feu de joie pour fêter l'anniversaire d'Alexandre (crédit photo ! ;-) ) et la fin de la démocratie au Québec !

manif 19 mai 2012

D'autres vidéos :

 http://www.youtube.com/watch?v=qLvsy4eLAwk&sns=fb

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=NtY6S6TpyDw

14 novembre 2011

Parlons des québécois... et des français

Expression québécoise n°2 : Ostie d'criss, chu tânné !!!

 

Vous connaissez Lynda Lemay ? Non ? Ben moi non plus, jusqu'à aujourd'hui. Une auteur-compositeur-interprète québécoise comme tant d'autres peut-être, j'avoue que je n'y connais pas grand-chose là-dedans, mais on s'en câlice (pardon, on s'en fout).

En tout cas, elle a l'avantage pour mon blog de bien connaître les différences entre les cultures françaises et québécoises. Voilà pourquoi j'ai pensé vous transmettre une partie des nombreuses discussions que j'ai vécues sur ce sujet au travers de deux de ses chansons.

Les maudits français

Gros colons / gros blaireaux

En réalité, la plupart des discussions sur les différences franco-québécoises (c'est vraiment un sujet récurrent, entre français et québécois, mais même entre français expatriés au Québec) s'articulent autour du vocabulaire et des mots utilisés au quotidien. On pourrait résumer la situation ainsi : les français disent "se garer dans un parking", et les québécois "se parquer dans un stationnement".

Ainsi, alors que des québécois s'énervent du nombre d'anglicismes que nous employons en France (week-end, qui ici se dit "fin de semaine", faire du shopping, qui se dit "magasiner", on lit sur nos panneaux de circulation STOP et ici : ARRÊT...), je m'agace d'entendre de l'anglais se glisser dans des phrases de-ci de-là ("on va checker ça", "tu as fait une joke ?", "tu paies le tip ?", "on a eu du fun !", "il peut te faire un lift", "la gang des étudiants"...) sans parler de ce qui nous apparait comme des bizarreries grammaticales, des tournures de phrases étranges, qui sont en fait dérivées de l'anglais ("il est confortable dans ce rôle", "ça fait du sens", "bon matin à tous"...).

Il y a toute une littérature là dessus, et je ne vais pas vous raconter ici l'histoire du Québec, qui explique en grande partie toute cette évolution du langage parallèle à la nôtre. Il ne faut pas oublier que le Québec est un îlot d'irréductibles francophones résistant encore et toujours à l'anglophonie, et que la province a longtemps été considérée comme le trou paumé du Canada, et ses habitants comme des ploucs sans éducation. Cette confrontation entre canadiens-anglophones et canadiens-francophones (les "nègres blancs d'Amérique", qui est le tittre d'un essai politique de 1968), qui ont revendiqué le terme de "québécois" depuis la révolution tranquille des années 60, modèle encore le Québec d'aujourd'hui.

Montréal 022

En tout cas, de nos jours, certains québécois tirent la sonnette d'alarme sur la diminution de la francophonie à Montréal, et en viennent même à laisser des petits mots à la fin d'un musée indiquant "SVP, exigez de vous faire servir en français à Montréal !" D'autres dédramatisent la situation en affirmant que c'est l'immigration qui fait diminuer la francophonie (les allophones, qui ne parlent ni français ou anglais en arrivant icitte) et que de toute façon ces derniers sont tenus d'apprendre le français, qui est la langue officielle du Québec (ainsi que celle du Canada avec l'anglais, rappelons-le !). Sans parler des mouvements de population qui font évoluer les statistiques...

Bref, il vaut mieux, pour comprendre concrètement pourquoi je vous cause de tout ça depuis 10 minutes, que vous écoutiez cette petite leçon de québécois qui illustre très bien les difficultés qu'éprouve toute frenchy débarquée fraîchement chez les cousins !

7 novembre 2011

C'est reparti !

Expression québécoise n° 1 : T'es po là pour te pogner le beigne !

Québec 1 096

Hé oui, je n'ai pas le temps de m'ennuyer pour sûr ! Déjà, la découverte d'une ville comme Montréal, considérée comme la capitale culturelle du Québec, emplirait une semaine de 35 heures. Il suffit de sortir de chez soi pour s'apercevoir qu'il y a quelque chose en ville : un concert gratuit, une course de vélo, un marathon, des spectacles gratuits... Enfin, la plus grosse période des festivals est en juillet, et maintenant il commence à cailler, même si le soleil se maintient.

Et puis, il y a les cours à l'Université de Montréal, ou UdeM (prononcez "U-dé-M"), dans un programme intitulé "études internationales" (vous avez raison de penser qu'on y étudie un peu tout et n'importe quoi ^^)

9h par semaine... Comment ça je me fous de la gueule du monde ?? Nan nan, chaque heure de cours implique entre 2 et 3h de travail personnel. En théorie en tout cas... hem

Chaque semaine, j'ai mon lot de pages à lire. Je n'ai pas vraiment compté mais je dirais que ça tourne autour de la centaine de pages de théories d'économie politique internationale ou de sociologie du développement à ingurgiter. Ok je me la pète un peu, parce que c'est quand même intéressant, et ça nous oblige à travailler chaque semaine, ce qui cadre les personnes qui ont l'habitude de réviser tout d'un bloc la veille de l'exam (je ne me sens pas concernée, mais alors vraiment pas). Ce qui est chouette est que ces lectures servent à alimenter les discussions, chaque cours est intéractif et demande aux étudiants de participer. Autre chose que le système d'éducation français passéiste et bourrage de crâne !

Voilà pour le cadrage. Je pense que je ne vais poster beaucoup d'articles ici, car je n'ai pas vraiment le temps, mais je vais quand même mettre en place des albums photos, j'espère que j'arriverais ainsi à vous faire partager l'ambiance de cette belle ville. Pis, ça vous évitera la séance-photos à mon retour, ouf ! ;-)

En parcourant l'album Montréal (à votre droite, suivez le guide) je vous suggère de garder à l'esprit que les vélos et les parcs ici sont rois :-) Les pistes cyclables sillonnent la ville, et où qu'on aille on peut se débrouiller pour en emprunter une. Il parait que Copenhague est bien meilleure dans ce domaine, mais quand on part de Toulouse ou Paris, on se contente de peu ! Quand aux parcs, les images parlent d'elles-mêmes.

Les grandes tours sont au coeur de Montréal, juste à côté du Mont-Royal (qu'elles ne doivent pas dépasser, ce qui n'est pas plus mal), aménagé en un parc tellement immense que l'on se croirait perdu en forêt. Le quartier du Plateau, que j'habite (avec de nombreux français...sic), est plus intimiste avec ses escaliers en fer forgé et ses arbres bordant les rues à sens unique (ça doit être pour ça que ça plait aux français...), et bien sûr le beau parc Lafontaine, à deux pas !

Publicité
Publicité
Publicité